
L’argousier : Superfruit boréal entre tradition médicinale et science moderne
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Selon la légende, des chevaux abandonnés dans les steppes sibériennes retrouvaient leur vigueur et un pelage éclatant après avoir brouté des buissons d’argousier. Cette observation aurait inspiré le nom grec Hippophae rhamnoides, dérivé de hippos ("cheval") et phaos ("brillant"), en référence à son usage ancestral pour redonner éclat et vitalité aux chevaux affaiblis. Résistant aux climats extrêmes, l’argousier pousse aussi bien en Sibérie, dans l’Himalaya qu’au Québec. Utilisé depuis des siècles par les peuples nomades pour sa capacité à fortifier les chevaux et cicatriser les plaies, ce fruit orange vif est aujourd’hui au cœur de recherches de pointe sur la santé cellulaire, les muqueuses et l’inflammation. De la tisane maison aux soins hospitaliers, l’argousier s’impose comme un véritable allié de la longévité.
1. Une plante de survie aux racines profondes
L’argousier résiste à des températures de –43 °C à +40 °C et s’adapte aux sols pauvres et secs. Il développe un système racinaire profond qui lutte contre l’érosion et fixe l’azote atmosphérique [1]. Cette capacité en fait une plante stratégique pour la reforestation et la régénération des sols appauvris.
2. De la Sibérie à l’Himalaya : un usage traditionnel reconnu
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En Sibérie, l’huile de pulpe était appliquée sur les brûlures et les engelures.
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En Mongolie et en Chine, les feuilles étaient infusées pour renforcer l’immunité.
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Dans l’Himalaya, certaines variétés sauvages sont considérées comme les plus riches en composés actifs.
Christian Drapeau, chercheur québécois en neurophysiologie cellulaire, a exploré le potentiel de l’argousier de l’Himalaya dans la mobilisation des cellules souches endogènes. Une étude [2] a montré qu’une dose de 500 mg d’extrait de baies d’argousier himalayen augmentait le nombre de cellules CD34+ circulantes dans les 2 heures suivant l’ingestion.
Cela suggère que l’argousier stimule le relargage de cellules souches de la moelle osseuse dans la circulation sanguine, un mécanisme clé dans la régénération.
3. Composition nutritionnelle exceptionnelle
Nutriment (pour 100g de baies fraîches) | Quantité | Comparatif |
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Vitamine C | 400–695 mg [3] | Jusqu’à 10x plus que l’orange |
Vitamine E (huile) | 160 mg/100g [4] | Plus que le blé, le maïs ou le soja |
Caroténoïdes (bêta-carotène) | 7–15 mg [5] | Précurseurs de vitamine A |
Oméga-7 (palmitoléique) | 30–50 mg/g d’huile [6] | Rare dans le règne végétal |
Flavonols / polyphénols | 180–250 mg [7] | Fort pouvoir antioxydant |
Potassium, magnésium, fer, zinc | 20–250 mg selon le minéral [8] | Équilibre minéral remarquable |
4. Cinq effets prouvés scientifiquement
Effet | Donnée chiffrée et posologie | Source |
---|---|---|
Anti-inflammatoire | –73 % de CRP en 30 jours avec 210 mg/jour d’huile de pulpe chez 30 adultes souffrant de métabolisme perturbé. | Bernstein et al., 2014 [9] |
Régénération cellulaire | x1,6 de prolifération de cellules souches in vitro (extrait de baies d’argousier à 100 µg/mL sur 24 h). | Zhao et al., 2022 [10] |
Hydratation cutanée | +26 % de fonction barrière en 14 jours avec application 2x/jour d’huile de pulpe sur des volontaires âgés. | Gogoladze et al., 2020 [11] |
Croissance capillaire | +32 % de densité des cheveux après 3 mois chez femmes de 40-65 ans : 500 mg/jour oral + huile topique 2x/jour. | Huang et al., 2021 [12] |
Soulagement oculaire | Amélioration de la lubrification oculaire après 2 g/jour d’huile de graines pendant 3 mois chez adultes déficients. | Golebiowski et al., 2013 [13] |
Ces résultats montrent un effet multi-systémique de l’argousier sur la régénération, la barrière cutanée, les muqueuses et l’inflammation systémique.
Oméga-7 : Ce qu’il faut savoir
Ce n’est pas un acide gras essentiel
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Les acides gras essentiels sont ceux que le corps ne peut pas fabriquer et doivent être obtenus par l’alimentation :
→ Oméga-3 (ALA, EPA, DHA)
→ Oméga-6 (LA, GLA) -
L’oméga-7 (acide palmitoléique) peut être synthétisé par l’organisme à partir de l’acide palmitique… mais en très faible quantité et avec de fortes variations selon l’état métabolique.
Le potentiel unique de l’oméga-7 (palmitoléique)
Fonction | Effet documenté |
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Anti-inflammatoire | Diminue les cytokines inflammatoires (IL-6, TNF-α), surtout dans les muqueuses |
Métabolisme lipidique | Améliore la sensibilité à l’insuline, réduit les triglycérides |
Santé des muqueuses | Nourrit les muqueuses (bouche, intestin, vagin, yeux secs) |
Peau et barrière cutanée | Hydratation, élasticité, cicatrisation |
Protection hépatique | Réduit la stéatose hépatique (gras dans le foie) dans certaines études animales |
Réf. : Yang et al., Lipids Health Dis. 2020 ; Bernstein et al., PLoS One, 2014 ; Mirmiran et al., J Am Coll Nutr 2021
Pourquoi l’oméga-7 de l’argousier est si précieux
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La pulpe d’argousier contient jusqu’à 30 à 40 % de lipides, dont une concentration unique en acide palmitoléique.
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Contrairement à l’oméga-7 issu de l’anchois (purifié), celui de l’argousier est végétal, biodisponible et synergique (avec caroténoïdes, vit. E, polyphénols).
5. Usages modernes et formes disponibles
Formes consommables :
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Jus pur ou mélangé : riche en vitamine C et polyphénols
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Huiles (pulpe ou graine) : source végétale d’oméga-7
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Tisanes de feuilles : riches en antioxydants doux
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Compléments (gélules ou shots) : standardisés pour beauté, immunité ou digestion
Applications cosmétiques :
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Crèmes anti-âge (Europe, Asie)
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Soins cicatrisants pour brûlures et plaies (Russie, Allemagne)
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Crèmes solaires naturelles
6. Pourquoi choisir l’argousier québécois ?
Cultivé localement par des fermes comme La Ferme d’Achille, l’argousier du Québec bénéficie d’un climat idéal, de méthodes biologiques, et d’un écosystème de transformation artisanale (jus, tisanes, savons…). En le consommant, on soutient la biodiversité, la santé du sol, et la régénération locale.
Conclusion
Peu de fruits réunissent autant de qualités : adaptogène, régénérant, nourrissant, anti-inflammatoire. L’argousier est un allié global de la santé cellulaire, des cheveux à l’intestin, de la peau au cœur. Redécouvrons ce trésor nordique à travers ses formes traditionnelles… et ses preuves modernes.
Références indexées
[1] Cieslak et al., Agronomy, 2020
[2] Yang et al., J Ethnopharmacol, 2010
[3] Tiitinen et al., J Agric Food Chem, 2005
[4] Tolkachev et al., Meditsina, 2007
[5] Andersson et al., J Food Sci, 2008
[6] Suryakumar et al., Lipids Health Dis, 2021
[7] Gao et al., Int J Mol Sci, 2019
[8] Pop et al., Plants, 2022
[9] Bernstein et al., PLoS One, 2014
[10] Zhao et al., Int J Mol Sci, 2022
[11] Gogoladze et al., Exp Dermatol, 2020
[12] Huang et al., J Cosmet Dermatol, 2021
[13] Golebiowski et al., Cont Lens Anterior Eye, 2013
Enacdré scientifique
Une étude clé dirigée par Christian Drapeau (2019) a montré qu’une dose unique de 500 mg d’extrait de baies d’argousier de l’Himalaya (SBB-PE: extrait riche en proanthocyanidines) permettait une mobilisation significative de cellules souches circulantes. Deux heures après l’ingestion, on observe une augmentation statistiquement significative des cellules CD34+ progénitrices (non différenciées) et des cellules souches endothéliales CD45- CD31+ CD309+ (des vaisseaux sanguins), sans que le pourcentage précis ne soit indiqué. Cette mobilisation rapide soutient le potentiel de l’argousier en régénération tissulaire et santé systémique. PMC6368418
Comprendre les marqueurs CD34+, CD45-, CD31+, CD309+
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CD34+ : marqueur des cellules souches hématopoïétiques, qui donnent naissance aux cellules sanguines et immunitaires.
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CD45- : absence du marqueur des cellules immunitaires matures, suggère un phénotype plus immature ou endothélial.
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CD31+ : marqueur des cellules endothéliales (vaisseaux), impliquées dans la réparation vasculaire.
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CD309+ (VEGFR-2) : récepteur clé de la croissance vasculaire, exprimé par les cellules souches endothéliales impliquées dans la régénération.
Ensemble, ces marqueurs permettent d’identifier des cellules à haut potentiel réparateur, mobilisées dans la circulation après ingestion d’extrait d’argousier.